Le deuxième gouvernement de Pedro Sánchez

Ces lignes sont écrites quelques minutes après que le Président du Gouvernement Pedro Sánchez ait annoncé qu’il reste à la tête du gouvernement après avoir pratiquement annoncé sa démission cinq jours auparavant. Nous n’entrerons pas dans l’analyse pour déterminer s’il s’agissait d’un mouvement tactique ou d’un geste personnel et sentimental, bien que, vu le contexte politique qui régnait ces jours-là, nous penchions pour la deuxième option. Nous ne jugerons pas si Pedro Sánchez sort renforcé ou affaibli de cette opération, car, d’une manière ou d’une autre, aujourd’hui, bien qu’il ne sera question de cela qu’à long terme, son processus de succession a été ouvert. Il nous semble cependant important de souligner qu’après la tension politique générée ces jours-ci et la décision finale prise par le président, nous sommes en présence d’un véritable deuxième gouvernement de Pedro Sánchez.
Le président lui-même a souligné à plusieurs reprises dans son discours le point de non-retour que ce moment politique a représenté. L’expression « point final » en témoigne bien. Une fois la démission sur la table, une fois passés cinq jours, une fois cette démission écartée, la seule raison d’être qui reste au président est de mettre en œuvre le mandat qu’il s’est attribué dans la lettre aux citoyens de mercredi dernier : mettre fin à la « machine à boue » dont il parle sans cesse dans la lettre. À cet égard, un nouveau temps doit être inauguré dans le gouvernement de Pedro Sánchez, car c’est la seule façon d’assurer la légitimité de sa continuité. Un véritable « Gouvernement Sánchez II », qui ne se caractérisera pas par un remaniement, par un changement de portefeuilles ministériels, mais par l’assomption culturelle du gouvernement comme rempart et bélier contre le réactionnisme international. Pour ce faire, et plus tôt que tard, le Parti socialiste devra adopter un discours plus décomplexé, moins défensif et plus enclin à contre-attaquer dans cette « guerre de position » qui, selon les termes de Gramsci, est la bataille culturelle.
D’autre part, il faudra entreprendre d’importantes réformes, une fois la lutte contre le mouvement autoritaire assumée. Des réformes qui devront permettre de se défendre plus facilement contre les « fake news » et qui garantissent la pluralité médiatique. Des réformes qui devront empêcher certains secteurs du pouvoir judiciaire de faire une opposition politique ouverte au gouvernement sur des bases juridiques plus que discutables. Enfin, des réformes qui devront garantir à chaque citoyen le minimum de subsistance pour vivre dignement et participer tranquillement et sereinement aux affaires publiques.

Marcos Barolomé Terreros

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Marcos Bartolomé Terreros est espagnol, né en 2003. Il est étudiant dans la double licence de droit français et espagnol à l'Université Complutense de Madrid et à Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Il s'intéresse à la politique, la littérature et le cinéma.

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